Récit d'une intervention au collège de Lauzerte, par Helene Garnier

Publié le 28 avril 2017

Récit d'une intervention au collège de Lauzerte, par Helene Garnier

Le 24 mars dernier, Doria et moi-même nous sommes rendues au collège de Lauzerte, dans le Tarn et Garonne.
Environnement rural superbe, pour ce village de 1500 âmes environ.

Nous sommes accueillies par le principal, la CPE, et l'infirmière, qui s'empressent de nous prévenir : 80% des parents travaillent dans le domaine agricole, le reste dans le tertiaire. Il va donc falloir présenter et expliquer ce qu'est l'industrie !

Le principal a remanié les classes pour notre intervention, et nous nous adresserons à des jeunes filles de 4ème et 3ème.

Pour la première session, Doria intervient avec un groupe dans une salle et moi dans une autre. Je prends en charge une classe de 4ème.

La première heure est surprenante pour moi : effectivement le monde de l'industrie est très loin de leur vie quotidienne !

En amont de notre venue, nous leur avons proposé un questionnaire sur leurs projets d'orientation : celles qui ont essayé d'y répondre montrent beaucoup de difficultés à se projeter. La plupart des jeunes filles veulent rester sur Lauzerte : le lycée à Moissac ou Valence d'Agen est déjà difficile à envisager pour elles. Le baccalauréat leur apparait déjà comme des études longues. Pour nombre de ces jeunes filles, un bac+5 ou même un bac+2 n'est pas (encore) envisageable. La plupart s'imaginent serveuse, travaillant à la ferme, assistante maternelle ou encore coiffeuse à Lauzerte. Une future médecin se fait remarquer. Mais toutes invoquent les mêmes motivations : "être aux contacts des autres, être utile".

Je leur présente mon parcours, aussi précisément que possible, en leur donnant beaucoup de détails : mes craintes, mes peurs, mes échecs… Je leur décris ma vie actuelle professionnelle et personnelle. Ce qui les surprend le plus, c'est l'étendue géographique de mon univers : elles sont soufflées que mes collègues puissent être basés à l'autre bout du monde… et encore plus soufflées que je puisse m'être établie – et avoir fondé ma famille – loin de celle de mes parents.

Les premiers échanges n'arrivent qu'au bout d'une grosse demi-heure, et restent timides.
Je sens néanmoins que leur intérêt grandit : moins de bavardages, plus de contacts visuels, d'expressions dans les visages, mais très peu de questions.

Nous animons à deux la dernière session.
Deux classes de 3ème et une classe de 4ème : la différence de maturité et d'ouverture avec mes 4ème est palpable.
Doria lance une question en introduction intéressante : "Nous sommes toutes les 2 ingénieures chez Continental mais à votre avis que faisons nous?"

  • Vous êtes secrétaires ? - Non
  • Vous êtes comptables ? - Non
  • Vous êtes gestionnaires ? - Non plus...

Nous leur décrivons notre métier, notre domaine d'activité, notre quotidien.
Puis tour de table : "Que voulez-vous faire plus tard?"
Pas de surprise : aucune ne nous parle d'ingénierie... mais quand même quelques métiers « scientifiques » : vétérinaire, soigneur pour animaux, designer... et même une thanatopracteur-e ! Certaines vocations n'attendent pas le nombre des années…

Avant de partir nous faisons un rapide bilan avec l'équipe enseignante, qui connait bien les élèves.
D'après elle nous avons su capter l'attention des jeunes filles et ouvrir leurs horizons, leur montrer qu'il y a autre chose de possible que ce qu'elles entendent et voient au quotidien via quelqu'un d'autre que leurs professeurs. Espérons qu'elle ait raison !

Lors du trajet du retour nous débattons longuement…
La sensibilisation des classes dans des milieux dits "ruraux" est très particulière, tant l'écart est grand avec notre vie citadine. J'espère qu'elles ont un peu appris de nous. Il est certain que nous avons beaucoup appris d'elles.

Retour à Toulouse : nous sommes même à l'heure pour aller chercher nos enfants à 18h30 ! ! !

Hélène Garnier

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